Lyon: Capitale européenne ?


Lyon ne sera pas la Capitale Européenne de la Culture 2013. C’est le dossier Marseille-Provence qui a remporté la mise et qui partagera le label avec Kosice en Slovaquie. Retour sur la procédure et analyse de la situation par Benoît Courtin, Président des Jeunes Européens – Lyon.

Conçu en tant que moyen pour rapprocher les citoyens de l’Union européenne (à cette époque là, Communauté économique européenne), la Ville Européenne de la Culture a été lancée le 13 juin 1985 par le Conseil des ministres sur l’initiative de la Ministre grecque de la Culture Melina Mercouri. Cette initiative est une réussite chaque année, puisqu’elle permet de réunir de plus en plus de citoyens européens. En 1999, la « ville européenne de la Culture » est renommée « capitale européenne de la Culture », et est financée par le programme Culture 2000. La ville de Cork en Irlande est la première ville en Europe à obtenir ce titre prestigieux de Capitale européenne de la Culture. La décision du Parlement européen et du Conseil du 25 mai 1999 intègre cet événement dans le cadre de la Communauté et présente une nouvelle procédure de sélection pour les villes Capitales pour la période 2005-2019. Ceci a été fait pour éviter la rude concurrence pour gagner le fameux titre. Il est donné à chaque pays membre de l’Union européenne l’occasion d’accueillir la Capitale alternativement. Depuis 2005, deux villes partagent ce statut tous les ans.

Au lendemain de l’annonce de l’obtention du label « Capitale européenne de la culture » par la Communauté Urbaine de Marseille-Provence et le Pays d’Aix, à Lyon la déception est grande. Bien que les Lyonnais soient fair-play en saluant la victoire des Phocéens, ils ont néanmoins la défaite amère. En effet, la bataille semblait ne laisser aucune place à Marseille et Toulouse. Tous les projecteurs étaient focalisés sur Lyon et Bordeaux, les éternels rivaux. Bordelais et Lyonnais étaient persuadés de leur victoire. C’est donc la stupeur lorsque dans les couloirs du Ministère de la Culture, 30 minutes avant l’annonce officielle, de nombreux SMS circulent annonçant la victoire de Marseille-Provence.

Pourquoi Marseille dans la mesure où le projet culturel, si on ôte le volet Euroméditerranée, n’est pas le meilleur ? C’est Christine Albanel, Ministre de la Culture, qui le fait comprendre en disant  « ce projet correspond à un engagement de l’Etat ». Deuxième élément : Lyon, Bordeaux et Toulouse serait 3 villes trop riches pour accueillir ce label ? C’est en tout cas le journal Le Progrès qui en fait état. Le journaliste Jacques Boucaud, dans l’édition du 17 septembre, soulève au moins la question : ces trois villes « seraient déjà trop riches et trop européennes » ?

Eléments de réponse :

Lyon trop riche ? Non, on ne l’est jamais assez… même si en comparant avec Marseille, la différence saute aux yeux. Lyon déjà trop européenne ? Certainement pas !! Une ville comme Lyon qui se dit Européenne pourrait faire beaucoup plus pour l’Europe et cela passe par des choses simples. Informer par exemple dès septembre que les ressortissants de l’Union Européenne pourront voter à Lyon en juin prochain pour les élections européennes et ne pas réitérer le fiasco des élections municipales avec la distribution précipitée de tracts au 15 décembre invitant à s’inscrire sur les listes électorales. Combien la ville perçoit au titre des fonds régionaux ? Les Lyonnais ne le savent pas et obtenir l’information relève des 12 travaux d’Hercule. Installer une bonne fois pour toutes le drapeau européen sur le bâtiment du siège du Grand Lyon, tout comme partout ailleurs. Une foule de petites choses qui mettraient Lyon un peu plus dans le bassin européen, parce qu’il ne faut pas s’arrêter à cette énumération négative (non exhaustive), tant d’autres villes nous envient cet européanité, Paris en premier lieu. Lyon est en effet belle et bien européenne.

Lyon est une capitale régionale qui se situe à deux heures de l’Italie et de la Suisse. Les échanges commerciaux entre Lyon et l’extérieur se font en priorité avec les partenaires italiens, allemands et espagnols. Lyon est une ville qui au fil du temps a su créer des partenariats, jumelages et coopérations avec des villes comme Milan, Turin, Birmingham, Barcelone, Leipzig, Lodz, Göteborg ou Kosice. Lyon est membre des Eurocities (et occupe la Présidence depuis fin 2006). Lyon est une des Capitales des 4 moteurs de l’Europe. Lyon est le noeud ferroviaire et routier de l’Europe, à la porte de l’Europe du Sud pour les Européens du Nord, et dernière halte avant l’Europe du Nord pour les Européens du Sud. Deuxième pôle universitaire de France, deuxième agglomération de France, deuxième centre économique de France, Lyon est bien souvent le n°2.  La ville aspirait à enfin devenir numero 1 avec ce label de Capitale Européenne de la Culture. Alors Lyon ville européenne oui, trop européenne non.

Qu’a-t-il alors manqué à la candidature lyonnaise ? Certainement l’appui des Lyonnais qui n’ont malheureusement pas été assez associés au projet. Les slogans Lyon2013 n’ont fleuri qu’en juin sur les panneaux d’affichage, les oriflammes sur les quais qu’en juillet, les logos roses sur les devantures des magasins ne sont apparus qu’en préalable à la visite du jury début septembre, jour de grêve des Transports en Commun Lyonnais. Les Cafés 2013 sont restés trop élitistes et boudés par les Lyonnais… à moins que ce ne soit l’organisation qui ait boudée les Lyonnais ! Une association comme Les Jeunes Européens – Lyon n’a été associée au projet qu’en Juin 2008 alors qu’il convenait de faire participer la structure intégralement. Les sollicitations répétées de l’association n’en ont rien fait. Même si Marseille est une ville qui mérite aussi le titre, Les Jeunes Européens – Lyon restent convaincus que Lyon était le meilleur choix possible à l’heure où la biennale de la danse bat son plein, où le quartier de la Confluence se transforme, où le Musée d’Art Contemporain bat des records de fréquentation, où le développement durable est une préoccupation de chacun et où les festivals comme Les Nuits Sonores  ou les Nuits de Fourvières sont toujours plus réussis, où les Subsistances sont à la pointe de la création artistique.

Les Jeunes Européens – Lyon souhaite donc bon vent à Marseille qui grâce à ce label va dépenser sur 5 ans la modique somme de 98.000.000 €, dont 14.770.000 € en provenance des caisses européennes et nationales. Bon courage aux Jeunes Européens – Bouches du Rhône qui devront travailler dur pour porter le projet vers la réussite en 2013. Et Bravo à Kosice, ville partenaire de Lyon, qui sera aussi Capitale Européenne en 2013.

Les futures Capitales Européennes de la Culture sont : Vilnius (Capitale de Lituanie) et Linz (Autriche) en 2009, Pécs (Hongrie) et Essen (Allemagne) en 2010, Tallinn (Capitale de l’Estonie) et Turku (Finlande) en 2011, Guimaraes (Portugal) et Moribor (Slovénie) en 2012.

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