Allemagne : terre d’accueil ?

Les migrants syriens, récemment bloqués en Hongrie, ont mis en exergue la politique migratoire de l’Allemagne en scandant « Allemagne, Allemagne » et « Merkel, Merkel », alors même qu’ils étaient bloqués dans l’une des gares principales de Budapest. Les conflits au Moyen Orient drainent en effet des milliers de réfugiés vers le Vieux Continent.

Allemagne et politique migratoire

L’Allemagne est l’un des premiers pays européens en termes d’accueil de migrants, même si les trois quarts d’entre eux viennent d’autres pays européens. Bien évidemment, sa population vieillissante et sa situation démographique représentent des facteurs explicatifs. Ce pays a sans nul doute besoin de l’immigration  pour poursuivre le dynamisme de son activité. Terre d’immigration, c’est aussi un pays vers lequel se tournent beaucoup de réfugiés. L’Allemagne devrait accueillir 800 000 réfugiés cette année, soit quatre fois plus qu’en 2014. Aussi, Merkel a annoncé fin août des aides supplémentaires à destination des villes et des municipalités, qui doivent faire face à l’afflux toujours plus grand de réfugiés. Ces aides ainsi qu’une réforme de la législation devraient permettre de répondre à la crise migratoire qui traverse l’Europe entière.

Dans de nombreuses villes, à la fin du mois d’août, des citoyens ont présenté un front uni pour protester contre les discours de haine et de xénophobie,  car trop présents ces derniers temps, mais également contre les attaques fréquentes à l’égard des réfugiés. Ces derniers mois, l’Allemagne a fait la une de l’actualité pour le mouvement d’extrême droite xénophobe qui la traversait : Pegida. Les manifestations qui ont parcouru l’Allemagne représentent cependant un sursaut  de solidarité à l’égard des réfugiés. Des politiques tout comme  des personnalités appellent à assumer et à considérer le pays comme une terre d’accueil, et s’engagent à aider les demandeurs d’asile. Joachim Gauk, le président de la république fédérale s’est félicité de pouvoir évoquer  une « Allemagne éclairée », face à toute l’aide que les citoyens ont pu apporter aux réfugiés, en réponse aux discours de haine.

L’Allemagne n’expulse en effet pas automatiquement les migrants, notamment syriens, exerçant ainsi sa souveraineté concernant le règlement de Dublin. Le règlement de Dublin présente des critères et mécanismes objectifs et équitables qui permettent à un Etat  responsable de l’examen d’une demande d’asile par un ressortissant d’un Etat Tiers de déterminer rapidement la possibilité d’un séjour. L’Allemagne, ne l’appliquant pas dans toutes les situations, lance ainsi un appel à l’Europe pour amender ce règlement. Car la solution à l’afflux massif de réfugiés semble bien passer par l’Union Européenne.

L’Allemagne en faveur d’une réponse européenne ?

Sigmar Gabriel, vice-chancelier allemand et président du parti social-démocrate (SPD) a signifié que l’Europe risque d’échouer à cause de l’absence d’une politique migratoire commune. Il pointe du doigt la nécessité de parvenir à déterminer une politique commune à l’égard de l’immigration, et particulièrement en termes d’accueil des réfugiés. Le SPD, qui fait partie de la coalition gouvernementale, espère ainsi trouver un accord sur la politique migratoire allemande d’ici la fin de l’année, plaçant dès lors Angela Merkel  sous pression.

La chancelière a par ailleurs déclaré le 31 août dernier : « L’Union européenne doit avancer par la négociation, sinon elle cassera son lien fondamental avec les droits de l’homme. Les droits civils universels ont été jusqu’à présent étroitement liés à l’Europe et à son histoire en tant que principe fondateur de l’Union européenne. Si l’Europe échoue dans la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils universels sera rompu, il sera détruit et ce ne sera pas l’Europe que nous représentons, ce ne sera plus l’Europe dont nous devons toujours aujourd’hui développer le mythe fondateur ».

Ainsi, le gouvernement allemand requiert des quotas pour une répartition équitable des droits d’asile. Cela permettrait sans aucun doute l’avancée vers une réponse commune pour l’immigration, et plus seulement en termes de répression. La réponse à l’afflux de réfugiés vers les pays européen peut être communautaire, et pas uniquement sécuritaire.

Sarah Vanseveren